Mirokaï, une révolution dans la robotique

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Comment faire en sorte que les robots fassent pleinement partie de notre quotidien dans un futur proche ? C’est le défi que cherche à relever la start-up française Enchanted Tools. fondée par Jérôme Monceaux, déjà co-créateur des robots Pepper et Nao, Enchanted Tools a récemment dévoilé Miroki, le prototype d’une nouvelle génération de robots humanoïdes, merveilleux et utiles.

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Expert maxon France

Miroki se présente comme un robot-personnage attachant. Mi-enfant mi-animal, ce petit renard de l’espace s’est vu doté d’un supplément d’âme, grâce à un storytelling puissant et un character design convaincant, développés en s’appuyant sur le savoir-faire français de l’animation. A terme, Miroki pourra être déployé dans le monde médical, de la restauration ou encore dans les aéroports, pour décharger le personnel de tâches logistiques éreintantes.

Convaincus que la robotique peut réenchanter le monde plutôt que de le déshumaniser, les équipes de Enchanted Tools ont tout simplement pour objectif de révolutionner la robotique, en travaillant à l’acceptabilité des robots afin de favoriser leur adoption à grande échelle. Retour sur la genèse d’un projet ambitieux à bien des égards, auquel maxon est fier de participer.

Miroki : un personnage-robot qui s’inscrit dans une histoire plus grande

Loin, très loin dans le cosmos, il existe une planète peuplée d’êtres bienveillants qui ont atteint l’harmonie. Un peuple d’êtres de lumière, les Mirokaï, qui guident l’humanité vers le chemin de l’altérité depuis la nuit des temps. Des peintures rupestres aux premiers écrits et mélodies, ils nous ont inspiré au fil des siècles. Et pour la première fois aujourd’hui, l’un d’entre eux a franchi le portail qui sépare nos deux mondes pour nous venir en aide en personne. «Je ne suis pas parfait, mais je ferai de mon mieux», déclare solennellement Miroki dans une vidéo de présentation, avant de sauter dans le vide et de rejoindre notre réalité. Son âme se glisse alors dans un scaphandre: le prototype du robot développé par Enchanted Tools. Et voilà que Miroki rentre dans nos vies.

Pour créer de la cohésion et fédérer, les hommes se sont toujours raconté des histoires. C’est fort de ce constat que Enchanted Tools a combiné la créativité d’experts en animation et de designers industriels pour changer notre façon de voir les robots. « Cette démarche a permis de créer un robot-personnage, un robot avec une profondeur qu’une machine n’a jamais eue. Il s’agit d’une démarche disruptive et innovante dans la conception d’un robot », raconte Jérôme Monceaux, CEO d’Enchanted Tools. Au-delà du story-telling, Enchanted Tools s’est aussi appuyé sur le monde de l’art pour animer le visage de Miroki, dont les expressions faciales interactives sont vidéoprojetées et animées en temps réel.
La start-up a notamment travaillé avec Gaumont pour donner vie sur grand écran à l’univers Mirokaï.

Miroki : le juste milieu entre familiarité et étrangeté

Connaissez-vous le principe de l’Uncanny valley ? Théorisé par le roboticien Masahiro Mori, ce concept décrit le sentiment de malaise que l’on ressent face à une représentation humanoïde qui ressemble trop à un humain. L’idée, c’est que plus un robot est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. A l’inverse, lorsqu’un robot est suffisamment non-humanoïde, on aura plutôt tendance à noter ses aspects humains et à avoir de l’empathie pour cette machine clairement identifiée comme telle.

«Lui insuffler ce supplément de vie dont les machines sont généralement dépourvues.»

En combinant un aspect humain (deux bras et une tête) avec un aspect animal (ses longues oreilles), dans un personnage aux allures de manga, Enchanted Tools parvient à réinitialiser la relation à l’autre, tout en s’appuyant sur des éléments familiers. Nouvelle forme de vie, Miroki déstabilise sans effrayer, en offrant plusieurs éléments auxquels se raccrocher : sa petite taille (1m23), sa posture, le mouvement de ses oreilles… Enchanted Tools travaille en effet beaucoup sur son apparence de vie, pour faire en sorte qu’à l’avenir Miroki puisse sourire en retour ou tourner la tête en parfait mimétisme avec son interlocuteur. Ses oreilles sont à ce titre un précieux allié pour faciliter l’UX. « Si Miroki traverse un couloir les oreilles baissées, cela signifie qu’il est concentré sur sa tâche. Si vous l’appelez et qu’il lève une ou deux oreilles, c’est qu’il est à l’écoute et que vous pouvez lui donner une consigne. Tous ces éléments permettent de lui insuffler ce supplément de vie dont les machines sont généralement dépourvues», précise Jérôme Monceaux.

Interaction, navigation et saisie : un robot pensé pour être utile

Pepper et Nao, les deux premières créations de Jérôme Monceaux, ont le mérite d’être les premiers robots humanoïdes à avoir été popularisés dans le monde. Pour autant, ces deux robots n’ont pas réussi à rentrer dans le quotidien des humains, car ils n’étaient pas assez « utiles ». Pour Miroki, le challenge a donc été non seulement de créer un robot acceptable, mais également utile. En ce sens, trois défis robotiques ont été relevés.

  1. Navigation automatisée dans des espaces semi-standardisés. Juché sur un globe roulant, Miroki se déplace et peut être déplacé en toute liberté. S’il gêne le passage, il suffit de le pousser légèrement du doigt pour qu’il roule, alors qu’un robot bipède ou sur chenilles nécessiterait d’être soulevé. Une fonctionnalité nécessaire à la mobilité dans les environnements sociaux et de travail : Miroki est accessible et simple à manipuler.
  2. Saisie d’objets automatisée. Les mains de Miroki sont uniquement conçues pour saisir des poignées spéciales, - des « runes » pour poursuivre le récit fantasy -, que l’utilisateur vient fixer sur les objets qu’il désire faire soulever. La simplicité radicale de cette poignée universelle permet à Miroki d’atteindre 97% de succès à la saisie, alors que la norme du marché se situe autour de 60%. Un point essentiel, car un outil qui échoue à sa tâche une fois sur deux ne peut pas apporter satisfaction. D’où le parti pris d’Enchanted Tools d’adapter l’environnement au robot, en le rendant intelligent.
  3. Interactions sémantiques et émotionnelles avec des utilisateurs non préparés. Miroki présente le bon niveau d’interaction pour pouvoir comprendre et exécuter des commandes vocales, dans une optique fonctionnelle.

« Miroki a été conçu dans un objectif de simplification : ce n’est ni le meilleur en saisie, ni le meilleur en navigation ou en interaction, mais il est suffisamment bon dans ces trois domaines pour effectuer sa tâche qui consister à déplacer des objets en milieu social », explique le CEO de Enchanted Tools.

De l’hôpital aux hôtels : des milieux d’utilisation variés

Hôpitaux, maisons de retraite, aéroports, salons professionnels, hôtels, restaurants… Capable de porter jusqu’à 3kg de charge, Miroki pourra être utile dans tous les lieux d’accueil, de passage ou de loisirs où le recrutement de personnel peut être difficile et où les relations humaines doivent primer sur la logistique.

Les poignées universelles utilisées par Miroki fonctionnent à l’aide de tags visant à rendre saisissables des objets et à identifier des espaces. Ainsi, il sera possible à l’avenir d’équiper de ces capteurs toutes les chambres d’un service d’hôpital donné. L’infirmière pourra préparer différents plateaux de petit-déjeuner et n’aura qu’à dire au robot : « Voici le plateau de Mme Martin. Tous les matins à 8h, je veux que tu envoies le plateau de Mme Martin dans la chambre 103 et que tu le ramènes à 9h » et le robot le fera. Ou encore demander au robot de ramener tous les plateaux n’ayant pas été rangés à midi. En donnant de simples instructions à la voix, le robot pourra exécuter des tâches visant à faciliter sensiblement la vie des gens.

Miroki : un challenge technologique relevé en moins d’un an par 50 ingénieurs

Enchanted Tools a été créée en 2021 par Jérôme Monceaux, multi-entrepreneur cofondateur de Aldebaran, et Samuel Benveniste, PhD, ancien directeur du centre d’expertise national en stimulation cognitive. Au lancement du projet, la start-up a réalisé la plus grosse levée de fonds d’amorçage de l’histoire française en robotique, en réunissant 15 millions d’euros qui ont permis de rassembler 50 experts aux compétences variées pour donner vie à Miroki.

«Travailler avec maxon était évident, c’était choisir une forme de sécurité»

«On était dans l’urgence parce qu’on devait faire un robot en un an. Or, qui en Europe pouvait être suffisamment réactif, avec des produits fiables qui tiennent la route pour le prototypage et nous accompagner ensuite sur la production en série industrielle ? maxon. Travailler avec maxon était évident, c’était choisir une forme de sécurité », se souvient Jérôme Monceaux.

Les équipes maxon ont alors accompagné Enchanted Tools sur le dimensionnement des produits et dans le choix des gammes de motorisation, en tenant compte des contraintes techniques et des délais très courts demandés pour présenter ce nouveau robot. Des moteurs ECi 40 avec réducteurs planétaires ont été retenus pour la Ball Bot, tandis que les gammes brushless ECX Torque de 22mm de diamètre équipent les autres axes.

« L’application étant dans la robotique autonome où les systèmes doivent se supporter eux-mêmes, - et par conséquent où les actionneurs font partie de la solution, mais aussi du problème (poids, inertie, encombrement) -, nous avons proposé des moteurs avec une haute densité de puissance et une basse inertie par rapport au couple, c’est-à-dire une basse constante de temps mécanique, et des réducteurs avec un haut rendement et une haute densité de couple », expliquent en chœur Kevin Schwartz, ingénieur commercial en charge de Enchanted Tools chez maxon France et Max Erick Busse-Grawitz, Technology Transfer Manager chez maxon international.

Grâce à de nombreux échanges téléphoniques et rendez-vous sur site, les équipes maxon ont travaillé main dans la main avec les équipes techniques d’Enchanted Tools. Progressivement, ces dernières ont affiné leurs besoins et extrait de nouvelles spécifications axe par axe. Forts de cette phase de prototypage réussie, maxon accompagne désormais la start-up dans l’analyse de ces nouvelles spécifications, afin de définir la solution technique la plus optimisée pour la phase industrielle. L’objectif ? Atteindre une adéquation entre performance technique et coût série.

« Nous avions besoin de partenaires capables de fournir des pièces détachées fiables, robustes, à l’épreuve de la R&D et dans le respect des délais. Ce qu’on vient chercher chez maxon, c’est son ADN : des gens sérieux qui font des produits fiables sur lesquels on peut s’appuyer en confiance et qui sont capables de scaler », poursuit le CEO de Enchanted Tools.

Après avoir présenté avec succès son premier prototype, Enchanted Tools entend effectuer une deuxième levée de fonds en 2023 pour commencer à produire ses premiers modèles. Dès qu’ils seront opérationnels, les Mirokaï seront confrontés aux conditions du réel pour apprendre et se perfectionner, afin de les rendre toujours plus utiles. Un partenariat en ce sens a déjà été noué avec l’hôpital Broca de l’AP-HP, spécialisé en gériatrie. Enchanted Tools entend ensuite commercialiser ses robots à horizon 2025-2026. L’objectif : produire 100 000 robots en 10 ans. « Nos robots ont vocation à arriver rapidement dans la vie des gens sans fausse promesse », précise Jérôme Monceaux, CEO d’Enchanted Tools. Alors préparez-vous à voir très bientôt un petit renard roulant vous proposer un rafraîchissement !

Pour continuer de suivre l’aventure de Enchanted Tools : https://enchanted.tools/